La politique d'emploi et de formation des travailleurs handicapés de DS au cœur de la RSE
depuis le jeudi 19 octobre 2006Marie-Noëlle BORDIER | Mission handicap Dassault Systèmes
Marie-Noëlle BORDIER
Mission handicap Dassault Systèmes
Notre accord d'entreprise sur l'emploi et la formation des travailleurs handicapés concerne uniquement le périmètre de notre siège social à Suresne, soit 1500 personnes, dont 90% d'ingénieurs.
En 2003 nous avons démarré avec un taux d'emploi de seulement 0,78%. A là fin 2006, nous en sommes, avec l'ancien calcul, à 2,69%. Avec le nouveau mode de calcul, ce chiffre risque de redescendre à 1,50% mais nous restons énormément mobilisés.
Dassault Systèmes est leader mondial sur le marché des solutions logicielles. La particularité de notre accord est de l'avoir déployé autour de notre produit phare, le logiciel 3 D. L'un de nos managers et les deux directeurs d'ESAT qui participent à notre projet vont ainsi vous livrer leur expérience.
Notre politique d'emploi et de formation des travailleurs handicapés a vraiment été mise au cœur du dispositif de la responsabilité sociale de l'entreprise dont deux des axes prioritaires sont le partage des connaissances avec les futures générations et le développement de l'employabilité. Ceci nous a donné énormément de force pour gagner une partie qui n'était pas complètement jouée.
Dassault Systèmes sait mettre sa capacité d'innovation au service d'un changement durable et responsable d'où la relative facilité de mobilisation de nos collaborateurs sur des sujets nouveaux tel que celui qui nous occupe aujourd'hui, l'insertion. Le repérage des managers initiateurs et des facilitateurs n'a pas été difficile grâce cette capacité d'innovation. Bien sur, il s'agissait d'innovation au niveau de l'humain, et non d'innovation technologique et industrielle mais je crois que les ingénieurs, 34 ans en moyenne dans notre société, ont été très attentifs et curieux de savoir comment on allait pouvoir s'y prendre, et comment eux-mêmes allaient pouvoir être des relais.
Aujourd'hui, cette ambition a abouti à l'intégration de quatre travailleurs de deux CAT pour tester des CD physiques, les graver et les distribuer.
Témoignage de Thierry BAJART
Manager chez Dassault Systèmes
Dès qu'on nous a parlé du projet, nous nous sommes mis très rapidement
en relation avec le CAT de Rueil qui nous a proposé deux personnes. Moi
je travaille dans le monde de la production, et cela me paraissait
séduisant au début d'avoir du personnel en plus. Simplement on parlait
de handicap psychique, et cette dimension là faisait un peu peur.
Nous avons d'abord sensibilisé les personnes de mon équipe à recevoir
ces personnes. Puis nous avons démarré très vite . Les deux
travailleurs, Jeanne et Anouar, venaient en alternance. Au début on
leur a confié des tâches assez simples comme de la mise en boîte de CD.
Aujourd'hui ces deux personnes font partie intégrante de mon équipe, et
participent à pratiquement toutes les tâches des personnes qui
travaillent avec moi.
Le bénéfice a été surtout pour les gens de mon
équipe : Dassault Systèmes croît de 30% tous les ans, donc au niveau de
la production, je suis obligé de suivre, je n'ai pas le choix.
Je
ne vais pas vous citer le nombre de CD qui sortent tous les jours, mais
il faut savoir que pour des raisons de sécurité nous ne pouvons pas
faire faire cette tâche à l'extérieur, tout est fait en interne. Jeanne
et Anouar nous aident beaucoup et aujourd'hui je ne pourrais plus me
passer d'eux.
La prochaine étape serait de les embaucher.
Monsieur Joël COSTE
Directeur du CAT Cotra à Fontenay-Le Fleury
Je voudrais dire tout d'abord que notre collaboration est remarquable à plus d'un titre.
D'abord,
j'ai connu Marie-Noëlle Bordier grâce à un autre directeur de CAT qui a
osé lui dire qu'il n'avait pas les compétences recherchées en interne,
mais qu'il connaissait un autre CAT où elle pourrait les trouver. Cela
montre comment un réseau fonctionne bien dans ce genre de situation et
l'intérêt de chacun à y adhérer.
Grâce à la même personne nous avons pu aussi monter un atelier intégré dans une entreprise sur du contrôle qualité de commandes.
Je
pense qu'effectivement le handicap psychique pouvait faire peur à
l'entreprise. Mais il y avait une vraie volonté du côté de Dassault
Systèmes.
Il faut que nous, les acteurs du secteur protégé,
arrivions à convaincre les partenaires en disant « nous avons des
compétences, faites nous confiance, apprenons à nous connaître ».
Apprenons
aussi le langage de l'entreprise, ses besoins. Je pense qu'en se
connaissant beaucoup mieux on pourra développer un vrai partenariat.
Je
crois aussi qu'il faut de la transparence. Par exemple, au début nous
avions mis en place quelqu'un qui avait toutes les compétences mais qui
n'a pas pu gérer ses angoisses ; on a dû la retirer au bout de
quarante-huit heures. En fait, nous nous étions engagés dès le début à
remplacer la personne si elle ne pouvait pas remplir sa mission et nous
l'avons fait dans les vingt-quatre heures. Je pense que cela aussi fait
partie du deal.
Monsieur Daniel FINA
Directeur du CAT L’Atelier du Château à Rueil-Malmaison
Je voulais vous dire que j'étais heureux de pouvoir témoigner de la réussite de ce que nous appelions il y a encore quelques années un projet, et qui est aujourd'hui une réalité. Je parle de l'intégration des travailleurs handicapés en détachement en entreprise.
Aujourd'hui on peut parler sans risque de réussite. Deux facteurs
déterminants ont permis à ce projet d'aboutir. Le premier est
l'adhésion du travailleur handicapé à ce projet, fort de ses qualités
professionnelles reconnues en interne.
Le deuxième facteur aussi
déterminant résidait dans la collaboration entre l'ESAT et
l'entreprise. J'insiste sur le fait que ce partenariat était vraiment
la base, le ciment qui a permis à ce projet d'aboutir.
Nous avions
déjà une certaine expérience de ce type d'intervention avant de
travailler avec Dassault Système. Nous travaillions effectivement avec
Astra Zeneca, important laboratoire pharmaceutique de Rueil-Malmaison.
Nous savions donc que cette action pouvait fonctionner puisque nous
avions déjà un vécu dans ce domaine. Je tiens à souligner que nous
avons trouvé à travers nos partenaires Astra Zeneca et Dassault Système
des gens formidables avec qui nous partageons les mêmes valeurs quant à
la reconnaissance des travailleurs handicapés dans notre société.
Cette action que nous menons en partenariat avec les entreprises peut ainsi être également une étape dans la préparation de l'intégration des travailleurs handicapés dans le milieu ordinaire de travail. Notre souhait aujourd'hui, et je ne prendrais pas de risques en parlant au nom de mes collègues, est de développer ce partenariat en persuadant les entreprises qu'il existe dans nos établissements une force, une expérience professionnelle importante à mettre à leur service.
Marie-Noëlle BORDIER
Mission handicap Dassault Systèmes
En guise de conclusion, j'ouvrirai sur d'autres projets que nous menons chez Dassault Systèmes autour de notre logiciel 3D.
Nous
avons ouvert un centre de compétences clients aux travailleurs
handicapés demandeurs d'emploi. Nous avons également un gros projet
avec la Direction régionale du travail pour faire de la téléformation à
distance. Nous avons aussi plusieurs partenariats avec un Centre de
Formation d'Apprentis (CFA) qui est en cours, un CRP qui est fait et
puis des lycées ainsi qu'un logiciel qui est en train d'être travaillé
par nos ingénieurs R&D avec les ergothérapeutes de l'hôpital de
Garches sur la rééducation de la représentation spatiale.
Je crois donc qu'il est important d'intégrer toutes les organisations au niveau de l'entreprise pour les sensibiliser. Dans notre travail de sensibilisation, je me suis beaucoup appuyée sur les équipes éducatives du secteur protégé.