«Faire autrement qu’ouvrir son carnet de chèques et verser un impôt »
depuis le jeudi 19 octobre 2006Jean-Marc BENOIST | Président du MEDEF des Hauts-de-Seine
La grande différence qui existe entre le MEDEF et la Chambre des Métiers ou la Chambre de Commerce et d'Industrie, est que celles-ci sont des institutions alors que le MEDEF est un syndicat.
Le MEDEF est une représentation dans laquelle les entreprises viennent volontairement, et payent une cotisation sur une base du volontariat. Tout à l'heure, vous avez entendu Monsieur Gregoire, représentant du Groupement des industries métallurgiques, fédération extrêmement puissante de la région Ile de France.
Il y a de grands travaux un peu différents, qui dépendent de la diffusion du message : diffusion à partir des branches ou à partir des territoires.
Je représente le territoire des Hauts-de-Seine, où ce sont surtout les PMI et les PME qui sont représentées.
Les grandes entreprises, elles, sont plutôt adhérentes à des branches qu'à un territoire. Ce n'est pas toujours le cas, mais c'est quand même la réalité telle que nous la voyons.
Dans le 92, nous sommes impliqués dans le handicap depuis 1995. Nous avons créé des associations de formation des handicapés à travers le CER FORMA ou l'ADEH 92 (Association pour le Développement de l'Emploi des Handicapés dans les Hauts-de-Seine) que j'ai l'honneur de présider.
Il y a aussi la CIME92 qui est la cellule de maintien dans l'emploi et qui est pour nous aussi quelque chose de très important.
Toute une série de conventions avec des financements a été passée avec l'Etat, l'ANPE, l'AGEFIPH. Pourtant, si on fait le bilan, on s'aperçoit qu'il n'est pas extraordinaire.
Le département des Hauts-de-Seine est en effet un département compliqué de par sa géographie et ses mouvements de population : 40% des personnes qui y travaillent n'y habitent pas, 30% des personnes qui y habitent n'y travaillent pas, et seulement 30% des personnes y habitent et y travaillent.
Cette géographie et cette sociologie particulière se retrouvent aussi chez les chefs d'entreprise. Pour arriver à motiver un chef d'entreprise, à lui faire prendre conscience que la loi est une chose, mais que son devoir social en est une autre, il faut un contact répété, et une aide.
Pour lui faire comprendre, il faut lui préparer une liste des postes dans lesquels des travailleurs handicapés peuvent être employés, des postes auxquels il ne pense pas toujours, et pour lesquels il n'a pas forcément de motivations.
"Employer une personne handicapée, c'est aussi faire passer un message"
Pour les entreprises qui ont entre 50 et 150 salariés, le chef d'entreprise a un contact très privilégié avec ses équipes et tous ses salariés.
Moi-même, j'ai deux entreprises, une de 100 et une de 150 salariés. Je les connais tous, je vais les voir quasiment tous les jours. Je peux témoigner qu'employer une personne handicapée, c'est aussi faire passer un message dans son entreprise. Aux chefs d'équipe, il faut essayer de faire comprendre que le handicap ne va pas être un poids pour les équipes mais une richesse, et notamment une richesse dans les rapports entre les individus.
Je pense que les rapports humains dans une entreprise sont fondamentaux, ils font parti, à mon sens, de presque 70% de la réussite d'une entreprise. La venue d'une personne handicapée, différente, modifie ces rapports humains bien souvent, dans le bon sens du terme.
Au MEDEF Hauts-de-Seine, nous cherchons à sensibiliser les chefs d'entreprise dans la mesure de nos moyens, à faire passer des messages, à expliquer la loi, à montrer comment on peut faire autrement que tout simplement ouvrir son carnet de chèques et verser un impôt.
Au niveau communication, comme d'ailleurs dans tous les domaines tout est souvent difficile dans le plus petit département de France.
Nous avons une géographie qui est particulière : le nord comprend beaucoup plus d'industries, de services, d'entreprises et de richesses que le sud. Or, l'effort que nous devrions faire est d'aller aussi vers le sud et notamment de développer tous ces messages. Il est vrai qu'ils passent beaucoup mieux vers le nord, d'ailleurs toutes les entreprises, toutes les associations citées qui ont été créées ou qui travaillent avec le MEDEF sont des entreprises basées dans le nord des Hauts-de-Seine.
Donc pour nous, faire employer des travailleurs handicapés et faire passer le message aux entreprises est notre mission, et cela se passe, sans mauvais jeux de mots avec quelques handicaps.
Nous sommes un syndicat. Nous avons parfois des présidents très appréciés par les chefs d'entreprises, et d'autres non, donc notre image est très aléatoire.
Maintenant nous sommes parfaitement conscients que, depuis 1995 voire même 1991, notre mission dans un territoire du MEDEF n'est pas de regarder les grandes entreprises ou les grandes fédérations arriver dans les réunions avec des résultats très positifs, alors que dans le département, nous avons seulement un taux d'insertion de 2,1%, l'un des plus mauvais résultats de France.
Nous faisons le constat que notre message ne passe pas forcément. Nous avons de gros efforts de communication, de diagnostic, d'aide à faire. Nous devons surtout essayer d'avoir une relation privilégiée et particulière avec les chefs d'entreprises de manière à ce que le message passe directement et ne soit pas dilué dans un des échelons de l'entreprise.
Le MEDEF national, quant à lui, s'occupe aussi des travailleurs handicapés puisqu'il existe un réseau national qui est un peu le regroupement de toutes les actions territoriales. Un trophée de l'insertion, dont la remise a été faite il y a quelques jours par Laurence Parisot, est remis tous les ans. Son message, sur notre obligation qui n'est pas physique mais morale, est très clair.