Vente directe de produits agroalimentaires haut-de-gamme proposés par un ESAT
L’association Progecat ouvre un concept inédit de point de vente au détail de produits alimentaires de luxe, autour de la production viticole de son ESAT. Le tout dans un environnement hautement technologique, très loin de l’image un peu « artisanale » des productions du secteur protégé…
Associer secteur protégé et haut-de-gamme agroalimentaire, mais aussi l’allier à une image de high-tech et d’innovation : une double gageure en passe d’être brillamment gagnée par l’association Progecat et notamment par l’un de ses cinq établissements et services, l’ESAT Les Chevaux Blancs. Créé en 1987 et fort d’une centaine De travailleurs handicapés pour 60 salariés, Les Chevaux Blancs compte différentes activités : blanchisserie industrielle, conditionnement, câblage et assemblage mécanique, création et entretien d’espaces verts et surtout exploitation vinicole. « Dès 1989, l’association a décidé d’acquérir des vignes sur la zone d’appellation Chinon, afin de lancer un atelier viti-vinicole », explique Romain Parisis, directeur de Progecat, œnologue de formation et ancien dirigeant de cave coopérative.
Depuis, cette activité ne cesse de croître, exploitant aujourd’hui 35 hectares, sous le nom Les Vignobles du Paradis. Depuis 2001, l’association est actionnaire d’un groupement de caves coopératives, Alliance Loire, par lequel l’ESAT commercialise la majeure partie de ses vins, dont plusieurs cuvées récoltent régulièrement des médailles. Les débouchés commerciaux se sont d’abord concentrés sur la restauration, les cavistes, l’export et la grande distribution. Une tendance que l’association souhaite aujourd’hui élargir au marché des particuliers, via un magasin de vente directe de produits solidaires et coopératifs, axé sur un double positionnement haut-de-gamme et innovant et qui ouvrira ses portes à partir du 13 juin.
L’espace de vente, situé à la Roche-Clermault, en Indre-et-Loire, propose des vins issus de la production des Chevaux Blancs mais aussi des vins d’autres ESAT et caves coopératives partenaires, ainsi que d’autres produits gastronomiques du secteur (foies gras, terrines, …). Avec, en toile de fond, un concept de haute technologie inédit pour ce type d’établissement : une dégustation de vins assistée d’une machine Enomatic. Ce robot ultra perfectionné met en présentation jusqu’à huit bouteilles en simultané, chacune conservée sous une température différente. « Objectif : offrir au client un service sur-mesure, en l’orientant vers une dégustation d’un nouveau type », précise Romain Parisis.
Assistant virtuel de dégustation
Le cœur du concept, complémentaire à l’Enomatic, est la mise en place, dans le point de vente, de tablettes numériques équipées d’un assistant virtuel de dégustation. « Cette application, développée spécifiquement pour nous, s’adresse à une génération de clients qui souhaite avoir la liberté de choix par eux-mêmes, tout en bénéficiant du niveau de conseil d’un viticulteur ou d’un caviste chevronné », explique Romain Parisis. Dans chacune des trois zones de dégustation, l’assistant virtuel, modulable en fonction de la demande, accueille le client, lui demande quels vins il souhaite. Il permet aussi d’illustrer la dégustation, en donnant des informations sur les caractéristiques du vin choisi, et sur les mets qui l’accompagneront le mieux (de préférence disponibles dans le magasin). Il peut aussi montrer photos et vidéos de la vinification ainsi qu’une vue satellite des parcelles avec le détail des terroirs. L’objectif n’est pas d’éliminer le contact humain mais d’offrir un outil d’information riche et complet à la personne réalisant la vente, lui permettant de gérer plusieurs groupes de clients en période d’affluence.
Jamais à court d’idées, Romain Parisis a intégré dans l’assistant virtuel un système de notation de chaque vin dégusté : « Le principe serait de faire évoluer notre contenu de magasin en fonction des goûts des clients », pointe-t-il. L’investissement total, d’un montant de 500 000 euros, a été financé à presque totalité par Progecat sur ses fonds propres. Pour assurer sa rentabilisation, Romain Parisis et ses équipes ont prévu une politique de communication intensive : trois inaugurations successives sur juin, en association avec les offices de tourisme, assorties de projections sur les travaux de la vigne et d’un circuit de visite dans les chais.
Le projet est également porteur, à terme, de belles perspectives d’emploi pour les travailleurs de l’ESAT. « Impératifs de gestion, de technique du vin et de maîtrise de plusieurs langues obligent, nous employons déjà une vendeuse, déclare Romain Parisis. Mais nous sommes déjà en train de former l’un de nos travailleurs à la seconder. De manière générale, nous essayons de travailler au maximum sur l’employabilité et la polyvalence de nos travailleurs, via des stages, dont on peut envisager le développement au sein du magasin. »
A suivre…
Voir le site de Progecat