Prix Adaptation 2013 pour l'ESAT La Ferme de Chosal et sa station d'épuration biologique
Le prix Adaptation du Gesat 2013 revient à La Ferme de Chosal en Haute-Savoie pour ses plantations et l’entretien de stations d’épuration biologiques. Le jury des Trophées Handiresponsables a ainsi souhaité valoriser le positionnement de l’Esat sur des métiers émergeants en matière d’environnement. Retour sur cette prestation hors normes avec Emmanuel Mosse, directeur de l’Esat la Ferme de Chosal AAPEI EPANOU.
Comment l’idée de planter des roseaux pour les stations d’épuration biologiques a-t-elle germée ?
Le projet est né il y a une vingtaine d’années suite à une nouvelle règlementation imposant aux collectivités locales le traitement de leurs eaux usées et la mise aux normes de leurs stations d’épuration sur des zones éloignées du tout-à-l’égout. L’idée d’un traitement naturel a commencé à germé dans le milieu de l’économie sociale et solidaire. Le principe est de filtrer et assainir les effluents dans un circuit en cascade pour que l’eau traverse différentes strates de matériaux, comme en milieu naturel. Pour les communautés de communes, ces stations végétales s’avèrent avantageuses économiquement puisqu’elles évitent un coûteux système de pompage, mais également d’un point de vue environnemental puisqu’elles s’intègrent au paysage. Nous nous sommes donc lancé dans l’aventure en produisant des phragmites (roseaux) qui permettent que la surface de l’eau ne se colmate pas et qui favorisent un fort développement bactérien aidant à l’élimination des déchets. A l’époque, cette solution était qualifiée d’utopiste. Nous y avons pourtant cru en lançant notre premier partenariat il y a douze ans. Une fois de plus, nous avons prouvé que l’émergence de nouveaux concepts et de nouvelles mouvances est souvent liée à l’économie sociale et solidaire.
Quel est votre modèle de développement ?
Notre cœur de métier, c’est de travailler sur le concept de station d’épuration biologique, de construire un modèle de développement et d’être multicarte. Nous sommes ainsi producteurs de 130 000 à 150 000 plans de phragmites par an, une production propre sur un marché non réservé et concurrentiel. Nous sommes également sous-traitant des travaux publics puisque très rapidement ils nous ont demandé non seulement de produire, mais également de planter nos roseaux. Enfin, une fois que les stations sont installées, il y a tout un marché d’entretien et d’intervention sur les bassins. Depuis 2011, ce marché a triplé au niveau local. Nous entretenons ainsi une trentaine de stations sur 54 existantes en Haute-Savoie. Enfin, une fois en contact avec les communautés de communes, il y a un effet induit remarquable, celles-ci nous demandent d’autres prestations, d’autres marchés surgissent.
Comment voyez-vous l’avenir pour cette activité ?
Notre activité horticole va continuer à se développer. Par contre, en ce qui concerne les plantations et l’entretien sur site, nous avons constaté qu’il devenait compliqué pour nous de gérer les longues distances. Nous souhaiterions donc transférer notre savoir-faire à d’autres ESAT en France dans une logique de formation et de valorisation des compétences. En effet, malgré quelques particularités, les stations d’épurations biologiques ne nécessitent pas de technicité particulière, d’autres établissements devraient pouvoir planter facilement nos roseaux. Par ailleurs, nous cherchons à nous maintenirau cœur de l’innovation environnementale. Nous expérimentons ainsi sur quatre stations d’épuration un système de tonte animale avec des moutons. Aujourd’hui, il y a un regard sociétal très positif sur notre activité. Nous restons pourtant vigilants dans la gestion des paradoxes inhérents à cette activité perçue comme inhabituelle. Nous devons chaque jour trouver l’équilibre entre sécurité, autonomie et liberté, tant en matière de gestion de l’environnement qu’en matière d’approche du handicap.
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